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très bien dans ceux qui tiennent en main le gouvernail deux espèces de talens fort différens. En effet, si nous considérons attentivement les conseillers des rois, les sénateurs et les autres personnages admis au maniement des affaires publiques, qui ont pu exister jusqu’ici, on en trouve quelques-uns ( quoique très rarement) qui seroient très capables de faire d’un petit royaume, d’une petite cité, un grand empire, et qui ne laissent pas d’être de fort mauvais joueurs de flûte. Au contraire, il en est une infinité d’autres qui sont d’admirables artistes pour jouer de la lyre ou de la guitare (c’est-à-dire bien au fait du petit manège de cour) ; mais qui, loin d’être capables d’agrandir un état, semblent plutôt composés et organisés tout exprès pour ébranler et renverser l’état le plus heureux et le plus florissant ; car, au fond, quel nom peut-on donner à tous ces talens du bas étage, et à ces prestiges, dont les conseillers et autres hommes puissans se prévalent pour s’insinuer