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voué uniquement à la fortune, et seroit tout à cela, ne pût arriver à la fortune avec plus de promptitude et de facilité. Mais il en est de la vie comme d’un voyage où le chemin le plus court est aussi le plus fangeux et le plus sale ; mais si l’on ne veut que suivre le meilleur chemin, on n’a pas besoin de tant de détours. Or, tant s’en faut que les hommes doivent s’adonner à ces odieux artifices, qu’ils doivent plutôt (pour peu qu’ils soient maîtres d’eux-mêmes, et sachent se posséder, au lieu de se laisser entraîner par le tourbillon et pousser par le vent impétueux de l’ambition), avoir toujours présente à l’esprit cette maxime, qui est comme la chorographie générale du monde : que tout n’est que vanité et tournent d’esprit ; ainsi que cette autre plus spéciale : que l’être même séparé du bien-être, n’est qu’une vraie malédiction ; malédiction d’autant plus grande, que cet être a plus de grandeur et d’élévation ; que le plus magnifique prix de la vertu est la vertu même, comme