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qui ailleurs veut que son politique, pour établir sa prudence sur un fondement bien solide, commence par se dire : que, pour tourner les hommes à sa fantaisie et les déterminer à faire tout ce qu’on veut, il n’est d’autre moyen que la crainte ; qu’il faut donc prendre peine à les jeter dans toutes sortes d’embarras et de dangers, et les tenir toujours sur le qui-vive : en sorte que son prétendu politique semble n’être que ce que les Italiens appellent un semeur d’épines. Ou si quelqu’un est curieux d’adopter ce principe cité par Cicéron : à la bonne heure que mes amis périssent pourvu que mes ennemis périssent avec eux[1],

  1. Une maxime qui vaudroit beaucoup mieux, ce seroit l’opposée : à la bonne heure, que mes ennemis se sauvent, pourvu que mes amis se sauvent aussi ; car on s’expose presque toujours, en frappant sur les méchans à frapper aussi sur les gens de bien entrelacés avec eux : et d’ailleurs, après avoir sauvé un méchant, on peut encore le tuer, s’il est nécessaire ; au lieu qu’après avoir tué un honnête homme, on ne peut plus le sauver.