Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/331

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ainsi il faut, pour ainsi dire, se tâter soi-même, et faire, par rapport à soi, un examen bien détaillé, non pas un examen tel que pourroit le faire un homme trop amoureux de lui-même : il faut, dis-je, se bien étudier par rapport aux talens, aux vertus et aux petites facilités qu’on peut avoir ; comme aussi par rapport à ses défauts, aux talens qu’on n’a pas, et aux obstacles qu’on trouve en soi ; en faisant son compte de manière à s’exagérer toujours les derniers, et à rabattre beaucoup des premiers. Or, d’après un tel examen, il faut embrasser les considérations, suivantes.

1°. Chacun doit considérer quel rapport se trouve entre ses mœurs, son naturel et le siècle où il vit. Que si l’un et l’autre sympathisent, on peut en toutes choses agir avec plus de liberté et suivre son penchant. Mais s’il s’y trouve de l’opposition, il faut alors, dans le cours de sa vie entière, marcher avec plus de précaution plus couvertement, et paroître plus rarement en public. Ce fut le