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mains, ses concitoyens : ils ressemblent aux brebis, animaux tels qu’il est moins facile d’en mener un seul que le troupeau tout entier ; car si vous pouvez venir à bout de pousser une seule brebis dans le droit chemin, à l’instant toutes les autres vont suivre celle-là. On peut dire aussi qu’à cet égard le rôle de la morale est plus difficile que celui de la politique. En second lieu, la morale se propose de pénétrer, de remplir l’âme d’une bonté intime ; mais la science civile n’exige rien de plus qu’une bonté extérieure[1], qui suffit pour la société ; aussi n’est-il pas rare que le régime soit bon et le temps mauvais. C’est une remarque qu’on rencontre à chaque pas dans l’écriture, lorsqu’il y est question des rois bons et religieux ; il y est dit : mais le peuple n’avoit pas encore tourné son cœur vers le seigneur Dieu de ses

  1. Elle suffit pour les faire subsister ; mais elle ne suffit pas pour les rendre heureuses. Or, c’est du bonheur qu’il s’agit.