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milier, comme assez clair et assez évident par soi-même, il peut librement user de son jugement. Cependant qu’il se souvienne de cet avertissement que nous avons donné au commencement, que ce que nous cherchons en tout, ce n’est pas le beau, mais l’utile et le vrai. Qu’il se rappelle aussi un moment cette antique parabole des deux portes du sommeil. Le sommeil a deux portes, dont l’une, dit-on, est de corne : c’est par celle-ci que les songes véritables s’ouvrent un facile passage ; l’autre est toute éclatante d’ivoire, et c’est par celle-là que les mânes envoient vers les cieux des songes trompeurs. La porte d’ivoire est sans doute d’une magnificence très propre pour fixer les regards ; mais c’est par la porte de corne que passent les songes véritables[1].

Par forme de supplément à cette doctrine morale, nous pouvons ajouter cette

  1. S’il faut de l’art dans un écrit, c’est surtout pour mentir.