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Il est vrai que les poëtes ne parlent ainsi que par indignation et sur le ton de la satyre. Mais il est tel livre de politique où l’on a avancé cela sérieusement, positivement. Car c’est ainsi qu’il plaît à Machiavel de s’exprimer : si César eût été vaincu, il eût été plus adieux que Catilina. Sans doute, comme s’il n’y eût eu d’autre différence que le succès entre je ne sais quelle furie pétrie de sang et de libertinage, et une âme élevée, un personnage qui, de tous les hommes formés par la nature, eût, sans contredit (s’il eût été un peu moins ambitieux), le plus justement mérité notre admiration. Nous voyons, par cet exemple même, combien il importe que les hommes s’abreuvent à longs traits de doctrines morales et religieuses, avant de goûter de la politique ; car nous voyons que ceux qui ont été nourris dans les cours des princes, et formés aux affaires dès leur plus tendre enfance, n’acquièrent jamais une probité bien sincère et bien intime, et beaucoup moins encore l’ac-