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être hors d’état de faire. De plus, c’est sur ce fondement que s’appuie ce double et excellent moyen, qui est d’un continuel usage en politique. Je veux parler de la récompense et de la peine, qui sont comme les deux colonnes des républiques ; ces deux affections prédominantes, l’espérance et la crainte, qui s’y rapportent, ayant le pouvoir de réprimer et d’étouffer toutes celles d’entre les autres affections qui pourroient être nuisibles. C’est ainsi que, dans le gouvernement des états, une faction peut servir à maintenir dans le devoir une autre faction ; et il en est de même du régime intérieur de l’âme.

Nous voici arrivés à ces causes qui sont en notre pouvoir, et qui agissent sur l’âme, qui affectent l’appétit et la volonté, et qui la tournent à leur fantaisie. Sur quoi les philosophes auroient dû ne négliger aucune recherche, pour connoître les forces et l’énergie de la coutume, de l’exercice, de l’habitude, de l’éducation, de l’imitation, de l’émulation,