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phiste ; Socrate soutenant que la félicité consiste dans la paix de l’ame et dans une inaltérable tranquillité ; et le sophiste prétendant que la félicité consiste à désirer beaucoup et à jouir d’autant. Puis des argumens ils passèrent aux injures ; le sophiste disant que la félicité de Socrate ressembloit à celle d’une souche ou d’une pierre ; et Socrate répliquant que la félicité du sophiste étoit celle d’un galeux éprouvant de perpétuelles démangeaisons et prenant plaisir à se gratter sans cesse. Cependant l’un et l’autre sentiment ne manquent pas de raisons qui les appuient. Un sentiment qui s’accorde avec celui de Socrate, c’est celui de l’école même d’Épicure, qui regardoit la vertu comme contribuant beaucoup au bonheur. Que, s’il en est ainsi, il est trop certain que la vertu est d’un plus grand usage pour apaiser les passions, que pour obtenir les choses désirées. Et ce qui appuie le sentiment du sophiste, c’est cette assertion dont nous parlions il n’y a qu’un mo-