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d’abaisser leur esprit à ces sujets populaires et rebattus, où ils ne trouvent point assez de subtilité pour en faire le sujet de leurs disputes, ou assez d’éclat pour se prêter à l’ornement. Il est difficile, à l’aide du seul discours de faire suffisamment sentir le préjudice qu’a porté aux sciences cela même que nous disons : que les hommes, en vertu d’un orgueil inné et séduits par la vaine gloire dans le choix des matières qu’ils traitent, et des manières de les traiter, préfèrent les sujets et les formes qui peuvent faire briller leur esprit, au lieu d’envisager l’utilité des lecteurs. C’est avec raison que Sénèque a dit que l’éloquence nuit à ceux qu’elle rend amoureux, non des choses mais d’eux mêmes. En effet les écrits doivent être de nature à rendre plutôt les lecteurs amoureux de la doctrine que des docteurs. Ainsi ceux-là seuls tiennent la droite route, qui peuvent dire hautement de leurs conseils ce que Démosthènes disoit des siens, et les terminer par une telle