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nous voudrons sur ce sujet, et disons que les vertus morales sont, dans l’âme humaine, un produit de l’habitude, et non de la nature : faisons une pompeuse distinction entre les âmes généreuses et l’ignoble vulgaire, en observant que les premières sont déterminées par le poids des raisons ; tandis que le dernier l’est par l’espoir de la récompense ou par la crainte du châtiment ; ajoutez à cela cet ingénieux précepte : il en est de l’âme humaine comme d’un bâton, et pour la redresser, il faut la plier en sens contraire de celui où elle est déjà fléchie. Enfin, à ces observations et à ces comparaisons ajoutez-en mille autres semblables, vous aurez beau faire, il s’en faudra de beaucoup que tous ces accessoires suffisent pour rendre excusable l’omission dont nous nous plaignons ici.

Or, la vraie cause de cette négligence ne me paroît autre que cet écueil où ont donné tant de barques scientifiques, et sur lequel elles ont fait naufrage ; je veux dire que les écrivains dédaignent