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DES SCIENCES, L. VI. CH. I.

merce mutuel ; et que, de ce qu’on trouverait de plus beau dans chaque langue, on pourrait former une image de discours parfaitement belle, une sorte de modèle exquis et semblable à la Vénus d’Apelle, à l’aide duquel on exprimerait convenablement les conceptions et les sentimens de l’âme. Et ce qu’on ne serait guère porté à croire, c’est que d’une telle grammaire on pourroit encore tirer des indications assez fortes et très dignes d’observation, sur les mœurs et le génie des peuples et des nations ; je veux dire, par la simple considération de leurs langues. J’aime à entendre Cicéron lorsqu’il observe que, chez les Grecs, manquoit le mot qui répond au mot ineptus (inepte) des Latins : par la raison, dit-il, que ce vice était si familier aux Grecs, qu’ils ne l’apercevoient pas même en eux : censure vraiment digne de la gravité romaine. D’où vient aussi que les Grecs se donnoient tant de licence pur rapport aux compositions de mots, et que les Ro-