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Car, de même que, dans les relations de la vie ordinaire, si un homme savoit, pour aller à ses fins et pour satisfaire ses désirs, se prévaloir de l’assistance des autres, sans leur communiquer ses desseins ; et cela de manière qu’il les engageât à faire tout ce qu’il vondroit, sans qu’ils s’aperçussent jamais qu’ils ne sont que ses machines, la politique de cet homme-là nous paroîtroit sans doute plus profonde et plus admirable, que s’il mettoit dans sa confidence tous les ministres de sa volonté. C’est ainsi que la sagesse divine se fait bien plus admirer, si, tandis que la nature fait une chose, la providence en tire une autre, que si les caractères de cette providence étoient imprimés dans chaque texture de corps et dans chaque mouvement naturel. Je le crois bien : Aristote, après avoir, pour ainsi dire, engrossé la nature de causes finales, et répété si souvent que la nature ne fait rien en vain ; qu’elle vient toujours à bout de ses desseins, lorsque des obstacles n’arrêtent point sa mar-