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OU EXPLIC. DES FABLES.

que cette matière première et commune semble n’être qu’une sorte d’accessoire et d’étai (de supposition imaginée pour étayer un systême). On regarde l’action comme une simple émanation de la forme ; et dans les explications, ces formes jouent le principal rôle. De-là, selon toute apparence, le règne de ces formes et des idées dans les essences[1] ; à quoi ils ont ajouté je ne sais quelle matière idéale et fantastique. Ces illusions et ces préjugés se sont accrus par une teinte de superstition qui s’y est jointe, et qui est ordinairement l’effet de ces écarts et de ces excès où donnent tôt ou tard les esprits qui ne savent pas

  1. De-là cette illusion qui a porté les scholastiques à présenter, dans leurs explications, des formes purement idéales, nominales et fantastiques, au lieu de s’attacher à ces formes plus réelles qui ne sont que le résultat et le résumé de l’observation et de l’expérience, formes qui sont extraites de ce qu’il y a de commun et de constant dans toutes les espèces et dans tous les modes du sujet à définir.