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DE LA SAGESSE

chent ordinairement des lieux écartés, et tâchent de se dérober aux regards des hommes. Le chant des Sirènes, son pernicieux effet, et cet art perfide avec lequel elles le varioient, sont des choses dont l’application est assez connue, et qui désormais n’ont plus besoin d’explication. Mais la blancheur de ces isles, occasionnée par la grande quantité d’ossemens dont elles étoient couvertes, est une circonstance qui renferme un sens plus caché et plus profond. Cette partie de la fable paroît destinée à faire entendre que les exemples, aussi frappans que multipliés, des malheurs auxquels on s’expose en se livrant trop aux voluptés, sont des avertissemens presque toujours insuffisans et très rarement écoutés. Reste à expliquer cette partie de la fable qui indique les remèdes, et qui, bien que facile à expliquer, n’en est pas moins judicieuse, et ne mérite pas moins de fixer notre attention. Or, ces préservatifs contre le poison de la volupté se réduisent à trois ; la philosophie fournit les deux premiers, et la religion le troisième. Le