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DES ANCIENS

Pour moi, lorsque j’ai lu dans Pline ce petit chapitre où il fait l’énumération des disgraces et des infortunes de César-Auguste que j’avois d’abord regardé comme le mortel le plus fortuné qui eût existé, qui sut même jouir de sa fortune avec beaucoup de prudence et de méthode, et dans le caractère duquel on ne voyoit ni enflure, ni timidité, ni foiblesse, ni confusion, ni mélancolie quand je voyois, dis-je dans ce récit, qu’il fut même un jour tenté de se donner la mort, alors je conçus la grandeur et la puissance de cette déesse, qui avoit pu traîner à son autel une telle victime. Lorsque les poëtes disent qu’elle est fille de l’océan, c’est pour nous faire entendre que les vicissitudes des choses, et les jugemens divins, sont ensevelis dans l’obscurité la plus profonde, et un mystère pour tous les mortels[1].

  1. La Lande peut prédire avec assez de justesse les éclipses qui auront lieu dans mille ans ; mais il ne pourroit prédire la situation où il sera lui-même, que dis-je ? la pensée même qu’il aura