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DES ANCIENS

trahisons et des perfidies, même entre les personnes auxquelles les liens les plus sacrés font une loi de s’épargner réciproquement et lorsqu’il y est dit que ces plaintes et ces regrets, auxquels la mort de Diomède donna lieu, étoient regardés comme des crimes, et même punis par des supplices, elle nous rappelle ou nous apprend que les plus grands crimes n’étouffent jamais entièrement dans tous les cœurs le sentiment de la compassion pour ceux qui les ont commis, et qui en subissent le châtiment mérité ; que ceux mêmes qui ont ces crimes en horreur, ne laissent pas d’avoir pitié des criminels et de déplorer leur sort par des motifs d’humanité. En effet, si cette commisération réciproque étoit interdite et réputée criminelle (même dans le cas supposé), ce seroit la plus grande des calamités. Cette fable nous fait aussi entendre que, dans les démêlés au sujet de la religion, où les deux partis se taxent mutuellement d’impiété, la compassion pour ceux du parti opposé est suspecte, et