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de la sagesse

glantes, au sujet de la religion, aient été inconnues aux anciens[1] ; les dieux du paganisme n’étant pas entachés de cette jalousie qui est l’attribut propre

  1. Anaxagore, Socrate, Damon, précepteur et ami de Périclès, et beaucoup d’autres furent persécutés par les prêtres païens ; des fanatiques brûlèrent quatre-vingts Pytagoriciens, dans une maison où ils étoient assemblés. Il y a eu aussi dans la, Grèce plusieurs guerres de religion, et, par cette raison même, qualifiées de sacrées : on y a commis les mêmes atrocités que dans les nôtres. Cette barbarie religieuse est le crime de toutes les nations et de tous les siècles, ou, si l’on veut, c’est le crime des prêtres de tous les temps et de tous les lieux ; les mêmes causes produisant toujours et partout les mêmes effets. Les hommes prennent toujours l’ordre du diable quand ils agissent au nom de Dieu, qui n’est pour eux qu’un prétexte ; et comme le commis, qui vole au nom du roi, est plus insolent que celui qui ne pille qu’au nom d’un simple gouverneur de province, le brigand qui assassine au nom de Dieu, est plus atroce que celui qui n’égorge qu’au nom du roi. Plus le nom qui sert de prétexte aux passions humaines est révéré, plus elles abusent de cette vénération qui s’y trouve attachée.