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maladies de cette espèce, en se répandant peu à peu, gagnent les parties saines et les corrompent ; de même un mécontentement général une fois excité, infectant les ordres les plus justes et les mesures les plus sages du gouvernement, les dénature dans l’opinion publique, et les fait paroître autant de nouvelles imprudences ou de nouvelles injustices. Ainsi l’on gagne peu à entre-mêler d’actions louables, les actions odieuses qui l’ont fait naître. Cette conduite mixte est un signe de foiblesse, et annonce qu’on redoute l’indignation publique qui, semblable encore, en cela, aux maladies contagieuses, attaque plutôt et plus violemment ceux qui la craignent.

Cette envie publique s’attache plutôt aux grands officiers et aux ministres, qu’aux princes et aux états mêmes ; mais voici une règle sûre à cet égard : si le mécontentement qui s’adresse au ministre est fort grand, quoique les motifs en soient légers ; ou encore, s’il est général et attaque tous les ministres sans dis-