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que lorsqu’ils peuvent étaler leur prétendue grandeur, soit par une fastueuse magnificence, soit en triomphant insolemment de tout opposant et de tout compétiteur. Au lieu qu’un homme prudent sacrifie quelquefois à l’envie, en se laissant à dessein surpasser et effacer même, dans des choses auxquelles il attache peu d’importance. Il est vrai, néanmoins, qu’en jouissant d’une haute fortune, d’une manière franche et ouverte, mais sans faste et sans ostentation, on donne moins de prise à l’envie qu’en affectant une excessive simplicité et en se parant d’une artificieuse modestie. Car, dans le dernier cas, il semble qu’on désavoue la fortune, et qu’on se reconnoisse indigne de ses faveurs, ce qui est pour les autres un nouveau sujet de vous porter envie.

Enfin, comme nous avions dit au commencement, que l’envie tenoit un peu de la sorcellerie, il faut employer pour les envieux le même remède qu’on emploie ordinairement pour les possédés, c’est-à-dire (pour user des termes de l’art),