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tent insensiblement, sont-ils moins exposés à l’envie que ceux qui s’élèvent tout d’un coup, et, pour ainsi dire, d’un seul saut.

Lorsque les honneurs sont accompagnés de soins, de travaux pénibles et de dangers, ceux qui en jouissent sont moins enviés ; on trouve que ces honneurs leur coûtent fort cher : quelquefois même on les plaint, et la compassion guérit de l’envie. Aussi les plus prudens et les plus

    n’est qu’un cas particulier de la grande loi qui régit la nature entière, empêche l’univers de retomber dans le chaos (ignée ou glacial), et y maintient, sur un fonds matériel toujours subsistant, un éternel équilibre ; chaque cause, par cela seul qu’elle exerce son action, provoquant l’action d’une cause contraire, ou une réaction. Je ne saurois trop inculquer cette vérité si féconde que tous les génies du premier ordre ont aperçue. Je la mets par-tout, parce qu’elle a par-tout sa place : je la vois dans tous les livres, comme dans tous les points de l’univers visible ; elle est dans les copies ainsi que dans l’original ; et qui la nie, la prouve par sa négation même, qui n’est qu’une réaction contre mon affirmation.