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amoureux d’eux-mêmes, hypocondriaques, susceptibles et tellement sensibles à la plus légère contrainte, qu’ils seroient tentés de regarder leurs jarretières comme des chaînes. C’est parmi les célibataires qu’on trouve ordinairement les meilleurs amis, les meilleurs maîtres et les meilleurs domestiques, mais non pas les meilleurs sujets ; car ils se

    ses passions autant d’ennemis impérieux et d’épouses tyranniques : oh, quelle nombreuse famille de soucis et de pensées affligeantes assiège l’imprudent qui a fait divorce avec tout l’autre sexe pour épouser la haine ! Le célibat est un crime perpétuel contre la nature, et que la nature punit perpétuellement par les maux sans nombre qui sont les conséquences nécessaires d’une telle vie. Lorsque ce fluido, plein de vie et vivifiant, dont l’homme est formé, n’est pas déposé où et quand il doit l’être, il est repompé par mille vaisseaux absorbane ; il devient une cause d’irritation dans tous les points où il est porté par la circulation, et va porter la guerre dans tout l’individu. Quand l’homme se mutilant, pour ainsi dire, lui-même, refuse l’existence aux êtres qui devoient naître de lui et le recommencer, cet excédant de vie que récla-