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n’avoir point d’enfans, et qui se flattent d’en paroître plus riches, parce qu’ils auront peut-être entendu telle personne dire : monsieur N… est bien riche ; et telle autre personne répondre : oui, sans doute, mais il a beaucoup d’enfans ; comme si cette circonstance diminuoit d’autant sa fortune.

Mais le motif qui porte le plus ordinairement au célibat, c’est l’amour de l’indépendance[1] ; c’est ce qu’on observe sur-tout dans certains individus

    être affecté par l’idée des choses qui ont cessé d’exister, pourquoi ne le seroit-il pas encore dans le temps où mon corps n’existera plus ? À moins qu’on ne suppose que l’homme, par une de ces contradictions auxquelles il est si sujet, et qui le portent à réaliser en idée les deux contradictoires en même temps, se tue mentalement pour obtenir des éloges, et se ressuscite aussi-tôt pour les entendre.

  1. Souvent l’imagination d’un célibataire lui donne plus d’embarras que ne lui en donneroit la plus nombreuse famille. Quoiqu’il soit seul chez lui, il n’y est pas le maître, puisqu’il a dans