Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/66

Cette page n’a pas encore été corrigée

cessives qui les ruinent en peu de temps. La conduite la plus judicieuse que les pères et les mères puissent tenir à cet égard envers leurs enfans, c’est de retenir avec plus de soin leur autorité naturelle que leur bourse.

Une coutume très imprudente des pères et des mères, des instituteurs et des domestiques, c’est de faire naître et d’entretenir entre les frères, une certaine émulation, qui dégénère en discorde, lorsqu’ils sont dans un âge plus avancé, et trouble la paix des familles[1].

  1. C’est une vérité que Rousseau a parfaitemént sentie, et sur laquelle il a fort appuyé : à chaque vérité qu’on plante dans leur esprit, dit-il, on plante un vice au fond de leur cœur : au lieu de leur apprendre à se faire aimer, on leur apprend à se faire admirer et détester. Il l’a si bien sentie, cette vérité, que, pour se débarrasser de la plus grande difficulté ; et résoudre le problème plus à son aise, il a eu grand soin d’isoler son Émile, qui n’a ni frère ni sœur, et à qui on voit assez rarement des camarades. Ainsi, le plan de cet ouvrage est manqué ; cet élève, imaginaire ne