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ses pensées, que pour les lui communiquer et les lui apprendre. En un mot, les mystères sont le partage et le lot de la discrétion. La nudité de l’âme n’est pas moins indécente que celle du corps ; au lieu qu’un peu de réserve et de circonspection dans les discours, les manières et les actions, attire le respect. Les grands parleurs sont presque toujours vains et crédules ; et celui qui dit trop aisément ce qu’il sait, dira tout aussi aisément ce qu’il ne sait pas. Ainsi on doit tenir pour certain, que l’habitude du secret est une ressource politique, ainsi qu’une vertu morale. Mais il ne faut pas non plus que le visage prévienne la langue, ou révèle ce qu’elle veut taire : c’est une grande foiblesse que de se laisser pénétrer par ses gestes, sa contenance et l’espèce de trahison d’un visage indiscret, attendu qu’on observe plus attentivement les indices de cette nature, et qu’on y croit plus qu’aux paroles[1].

  1. C’est pourquoi, généralement parlant, les