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et vous recevrez deux coups au lieu d’un. Il est des personnes qui méprisent une vengeance obscure, et qui veulent que leur ennemi sache d’où lui vient le coups ; cette sorte de vengeance est certainement la plus généreuse, car alors on peut croire que, si l’offensé se venge, c’est moins pour goûter le plaisir de la vengeance et de rendre le coup, que pour obliger l’offenseur à se repentir. Mais les coups d’une âme lâche et perfide ressemblent aux flèches tirées pendant la nuit. Certain mot de Cosme de Medicis, duc de Florence, au sujet des amis perfides ou négligens, a je ne sais quoi d’austère et de désolant ; les torts de cette espèce lui sembloient impardonnables. La loi divine, disoit-il, nous conmande de pardonner à nos ennemis, mais elle ne nous commande point de pardonner à nos amis[1]. Mais Job parloit dans

  1. Grand Dieu ! s’écrioit Voltaire, délivre-moi de mes amis, et moi, je me charge de mes ennemis. Il n’est point d’ami qui ne soit un peu