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rez-vous, celui qui les possède, ne peut-il pas s’en servir, pour se racheter, en quelque manière, des dangers, des peines et des incommodités sans nombre auxquels les pauvres sont exposés ? Non, vous répondrai-je ; et c’est Salomon lui-même qui me suggère cette réponse. Le riche, dit-il, en contemplant ses immenses biens, se croit bien fort ; c’est une espèce de forteresse qu’il se bâtit dans son imagination. Mais ce prince observe, avec sa sagesse ordinaire, que cette prétendue forteresse n’est que dans l’imagination du riche et non dans la réalité. En effet, les richesses vendent plus souvent le possesseur qu’elles ne le rachètent, et perdent plus de riches qu’elles n’en sauvent. Ainsi, gardez-vous d’aspirer à une fastueuse opulence ; et n’est-ce pas assez pour vous d’une fortune que vous puissiez acquérir justement, dispenser judicieusement, donner gaiement et abandonner sans peine. Cependant, n’affectez pas non plus un mépris philosophique, ou monacal, pour les richesses ;