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sûreté[1]. Ne gagnez point leur amitié en les aidant à attaquer leurs ennemis, mais seulement en les protégeant et en les défendant. Ayez soin d’envoyer de temps en temps quelques-uns de ces sauvages à la métropole, afin qu’ils puissent voir, par leurs propres yeux, combien la condition des hommes civilisés est plus

  1. Notre auteur veut dire qu’il faut pourvoir à sa sûreté, sans oublier d’être juste. Le traducteur, qui a été à portée d’observer par lui-même une horde d’eskimaux de la terre de l’Abrador, peut certifier qu’il suffit, pour gagner leur cœur, de leur donner tout ce qu’ils demandent, par exemple, des couteaux, des ciseaux, des haches, des clous, etc. en les suppliant, à l’aide de bons gros canons et de fusils toujours chargés, de ne pas massacrer deux ou trois cents hommes, dans une seule nuit, pour avoir des aiguilles. Quoiqu’ils aient un goût vif et inné pour la justice, dans les ouvrages de J. J. Rousseau, qu’ils ont peu lus, ils ont une merveilleuse disposition à vous couper la gorge avec le couteau dont vous leur avez fait présent, et à faire aux autres un très grand mal, pour se faire un très petit bien ; car ils vivent selon la nature !