Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/330

Cette page n’a pas encore été corrigée

même. Gardez-vous aussi de vous permettre fréquemment des personnalités piquantes, et de tirer trop souvent sur les personnes présentes. La conversation doit être comme une promenade en pleine campagne, et non comme une route qui conduit à telle ville, ou comme une avenue qui conduit au château de monsieur N… J’ai connu, dans une de nos provinces occidentales, deux personnes, dont l’une se distinguoit par la manière noble dont elle exerçoit l’hospitalité et qui tenoit une très bonne table, mais qui aimoit un peu trop à railler[1], et qui faisoit ainsi acheter un peu trop cher sa magnificence. L’autre demandant un jour à un de leurs amis communs qui avoit dîné chez ce magnifique railleur, si à table il n’avoit rien lâché de piquant contre quelques-uns des con-

  1. C’est le défaut ordinaire de ces glorieux qui paient pour être admirés, ou des avares fastueux qui se vengent avec leur langue, du peu de bien qu’ils font avec leurs mains.