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quelque trait piquant ; c’est une habitude très vicieuse, et dont il faut tâcher de se défaire : garçon, ne fais pas si souvent usage de l’éperon, et tiens-lui la bride haute. Autre chose est une plaisanterie qui a du sel, autre chose, une raillerie amère, et il ne faut point confondre un bon mot avec un sarcasme. Car si un homme satyrique fait craindre aux autres son esprit, il doit, à son tour, craindre leur mémoire. Celui qui fait beaucoup de questions, apprend beaucoup, et plaît généralement ; sur-tout s’il sait bien approprier ces questions au genre d’esprit des personnes auxquelles il les fait, en leur fournissant l’occasion de parler de ce qu’elles savent le mieux ; il les rend contentes d’elles-mêmes (et de lui), et il enrichit son esprit de nouvelles connoissances qui lui coûtent peu. Cependant il faut aussi prendre garde de devenir importun, en faisant trop de questions coup sur coup, et comme si l’on faisoit subir à ses interlocuteurs une sorte d’examen où d’interrogatoire. Lai-