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où on veut la mettre réellement, afin que le total paroisse toujours au-dessous de ce qu’on avoit imaginé. Tout homme qui ne veut pas que sa fortune décroisse, et qui veut rester constamment au niveau, doit se faire une loi de ne dépenser que la moitié de son revenu ; et celui qui veut augmenter son bien, ne doit dépenser que le tiers de sa rente. Ce n’est rien moins qu’une bassesse à des grands seigneurs d’entrer dans le détail de leurs affaires : et si la plupart d’entre eux ont tant de répugnance pour les soins de cette espèce, c’est beaucoup moins par négligence que pour ne pas s’exposer au chagrin qu’ils ressentiroient s’ils les trouvoient fort dérangées. Cependant, pour pouvoir guérir des blessures, il faut commencer par les sonder. Ceux qui ne veulent pas gérer eux-mêmes leurs affaires, et veulent s’épargner tout cet embarras, n’ont d’antre ressource que celle de bien choisir les personnes qu’ils chargent de leurs intérêts ; avec la précaution de les changer de temps en temps, les nouveaux