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tre complexion actuelle, et non des palliatifs qui, après vous avoir été un peu utiles, vous seroient très nuisibles. Ainsi, ne faites point fond sur ces conseils donnés par tant de personnes différentes ; conseils dont l’effet seroit plutôt de vous jeter dans l’incertitude et l’irrésolution, que de vous diriger et de vous fixer.

À ces deux fruits de l’amitié, qui consistent à calmer et à régler les affections de l’âme, ou à faciliter et à diriger les opérations de l’entendement, se joint le troisième et dernier fruit, que je comparerois volontiers à une grenade remplie d’une infinité de petits grains ; car l’amitié procure une infinité de petits secours, de petits soulagemens, dans les différentes actions ou situations de la vie. Pour embrasser d’une seule vue les différens avantages attachés à l’amitié, il suffit de considérer combien il est de choses qu’on ne peut bien faire par soi-même, et alors nous comprendrons que les anciens, en disant qu’un ami est un autre nous-mêmes, ne disoient pas assez,