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beaucoup d’inconvéniens[1]. Les langues modernes, qui désignent les amis du prince par les titres de favoris, de privados, etc. semblent faire entendre par ces dénominations, que ce n’est, de la part du prince, qu’une faveur, une grâce, ou une simple privauté. Mais l’expres-

  1. Les amitiés trop exclusives sont aussi nuisibles qu’injustes ; elles nous privent du secours de toutes les personnes exclues, et les privent du nôtre ; elles nous font de tous ceux que nous semblons dédaigner, autant d’ennemis : inconvénient qui se fait sur-tout sentir à ceux qui jouent un rôle public, et dont l’amitié est la plus recherchée ou briguée ; tels que rois, grands, magistrats, guerriers illustres, hommes de lettres célèbres, etc. inconvénient dont ils ont bien de la peine à se défendre, chaque individu voulant s’emparer d’eux et en avoir la propriété exclusive : « comme vous n’êtes qu’une partie infiniment petite de ma patrie, ou plutôt du genre humain pourroit-on dire à ces amis tyranniques), je ne vous dois qu’une partie de mes affections et de ma personne ; ainsi consentez à me partager avec ceux auxquels je me dois aussi, sinon vous ne m’aurez point du tout. »