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On est, an premier coup d’œil, étonné de voir les princes attacher tant de prix à cette sorte d’amitié dont nous parlons, que, pour se l’assurer, ils vont quelquefois jusqu’à exposer leur personne, leur autorité, et leur couronne même ;

    le monde entier à leurs genoux, et pour surprendre les secrets des familles ; cependant l’abus d’un moyen utile et saint en lui-même, ne prouve point du tout qu’il faut l’abolir. Tout homme a besoin d’un confident, auquel il puisse, avec sûreté, dire tout ce qu’il pense, lorsqu’il est mécontent des autres ou de lui-même, et à l’aide duquel il puisse obtenir un commencement de justification, par l’aveu ingénu de ses propres fautes. Mais comme il n’est presque point d’ami, disions-nous plus haut, qui ne soit un peu ennemi, et qui n’abuse, les jours où il est ennemi, des confidences qu’on lui a faites les jours où il étoit ami, révéler son foible à son ami, c’est presque toujours armer son ennemi. Il falloit donc, pour ces confidences si délicates, une sorte de magistrat, contenu par les peines les plus sévères, et dans le sein duquel on pût, sans danger, déposer de tels secrets. L’église catholique y a pourvu. Tout homme qui, après avoir