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retraite n’ait pour principe, non le plaisir d’être seul, mais le désir de fuir toute distraction, et de s’entretenir avec soi-même, dans un recueillement plus parfait, sur des sujets relevés ; avantage dont quelques païens, tels qu’Épiménide de Crète, Empédocle de Sicile, et Apollonius, de Thyanne, se sont faussement vantés de jouir, et dont ont réellement joui plusieurs d’entre les anciens Anachorètes, et d’entre les Pères de l’Église

    table cause de vos plus grands maux et des soucis rongeurs qui vous font tous mourir avant le temps. Voilà le mal, voilà moyen d’y remédier ; reste à trouver un moyen pour pouvoir employer ce moyen. Mais en attendant que vous ayez la volonté et le pouvoir d’appliquer le remède indiqué, l’unique préservatif, c’est une occupation honnête, utile, forte et presque continuelle, pour se distraire continuellement d’un mal qu’on ne peut empêcher, et l’effacer presque entièrement, en n’y pensant pas ; distraction qu’on peut légitimer, en contractant quelque amitiế, dont un travail commun et utile soit la base ; amitié sûre, amitié solide, amitié sainte, et la seule réelle dans l’état présent des choses.