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Un personnage, de ma connaissance, avoit coutume de dire à ceux qu’il voyoit se presser trop de finir : allez un peu plus doucement, afin que nous finissions plutôt[1].

D’un autre côté, la vraie diligence est une qualité précieuse. Car le temps est la vraie mesure de la valeur des affaires, comme l’argent est la mesure de celle des marchandises ; et quand elles consument trop de temps, c’est acheter trop cher le succès. La lenteur des Spartiates, parmi les anciens, et celle des Espa-

  1. Il est une activité turbulente qui passe pour diligence, et qui n’est rien moins que ce qu’elle paroît ; très souvent ces hommes si pressés d’arriver à la fin du travail, ne sont que des paresseux qui courent au repos. Quand on aime à voyager, on tâche de faire durer le voyage ; mais quand on ne veut qu’arriver, on prend la poste. Tandis que le fou court, le sage temporise et chemine à pas lents, de peur de s’égarer ; il est toujours trop tôt, on est toujours à temps pour faire une sottise, et mieux vaut l’éviter que de la réparer.