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des étrangers, qui sont plus admirés et moins aimés.

Tout ce que nous venons de dire seroit parfaitement vrai, si le temps lui-même n’introduisoit naturellement aucun changement ; mais le fait est que le temps s’écoule sans interruption comme un fleuve, et son instabilité est telle, que l’excessive stabilité des institutions, et un attachement opiniâtre aux anciennes coutumes, causent autant de troubles que les innovations mêmes[1], et

  1. C’est précisément parce que les uns sont obstinément attachés aux anciennes coutumes, que les innovations des autres sont dangereuses ; et les premiers sont attachés à leurs vieux habits, parce qu’ils s’y trouvent plus à l’aise que dans un neuf ; les innovations convertissent les vieillards en écoliers, et les jeunes gens en maîtres ; les premiers se trouvant obligés de recommencer le voyage à l’heure où ils espéroient et avoient droit d’espérer du repos : mais les novateurs doivent compter sur cette obstination des vieillards et des hommes d’habitude ; car toutes les réflexions philosophiques sur ce sujet ne rajeuniront pas ce qui a vieilli, et n’assoupliront pas ce qui est devenu roide.