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vers vous-même, sans être injuste envers les autres, sur-tout envers votre patrie et votre roi. Est-il rien de plus vil que de faire de son seul intérêt le centre de toutes ses actions ? c’est être tout matériel et tout terrestre. Car la terre est fixe et immobile sur son centre ; mais tout ce qui a de l’affinité avec les cieux, tend à quelque autre être, comme à son centre, et auquel il est utile. L’égoïsme d’un prince qui rapporte tout à son seul intérêt, est, à certains égards, un mal plus supportable ; car l’intérêt du prince n’est pas l’intérêt d’un seul homme, mais encore celui d’un grand nombre d’autres, le bien et le mal qui lui arrivent intéressant presque toujours la fortune publique. Mais, lorsque ce vice est l’unique mobile d’un sujet dans une monarchie, ou d’un citoyen dans une république, c’est une vraie calamité. Toutes les affaires qui passent par ses mains, se sentent de ses vues intéressées. Il les détourne de leur direction naturelle, pour les diriger vers ses fins particulières, qui sont