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hommes de ma connoissance, sous le règne d’Elizabeth, briguoient en même temps l’office de secrétaire. Quoiqu’ils fussent concurrens, ils ne laissoient pas de vivre ensemble assez amicalement, et leur concurrence même étoit quelquefois le sujet de leur conversation : un jour l’un, des deux dit à l’autre : briguer l’emploi de secrétaire lorsque le souverain est sur son déclin, c’est s’exposer beaucoup ; pour moi, je n’ambitionne point du tout un tel honneur. L’autre se saisit de ce propos lâché à dessein, et dans un entretien fort libre avec quelques amis, eut l’imprudence de dire que, pour lui, il n’étoit point du tout ambitieux de devenir secrétaire, lorsque le souverain étoit sur son déclin. Le premier ayant su cela, manœuvra de manière que ce propos fut redit à la reine, mais attribué à son adversaire : cette princesse qui se croyoit

    les aider à faire ces petits vols, à l’aide de cette formule : n’est-ce pas vous qui m’avez dit qu’on voulait faire telle chose ?