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même le timon. Il faut de plus que ces conseillers intimes auxquels il se communique ainsi, soient sincères, d’une probité reconnue, et fidèlement attachés aux vues de leur maître. C’est ce dont on voit un exemple frappant en la personne de Henri VII, roi d’Angleterre, qui ne confioit jamais ses affaires les plus importantes qu’à deux personnes, Fox et Morton.

Quant au second inconvénient, je veux dire l’affoiblissement de l’autorité du prince, c’est une crainte chimérique. Je dirai plus, lorsque le prince assiste en personne aux délibérations de son conseil, sa présence, dans une si auguste assemblée, rehausse plutôt l’éclat de la majesté royale, qu’elle ne la rabaisse. Jamais prince ne fut dépouillé de son autorité, pour avoir trop dépendu de son conseil, sinon dans deux cas ; savoir : lorsque certains membres y ont eu trop d’influence, sur-tout lorsqu’un seul y a pris trop d’ascendant, ou lorsque plusieurs membres se sont coalisés dans