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semble se réduire à savoir trouver de prompts remèdes aux dangers les plus prochains, et esquiver les difficultés à mesure qu’elles naissent ; au lieu de prévoir de loin la tempête, et de s’en garantir par des moyens et des positions solides, dont l’effet se prolonge dans l’avenir. Mais attendre les dangers comme ils le font, n’est-ce pas, en quelque manière, braver la fortune, et prendre plaisir à lutter contre elle ? Le véritable homme d’état ne s’endort point ainsi ; il ne voit point, d’un œil tranquille, la matière première des séditions s’amasser près de lui, et il se hâte de la dissiper ; car une fois que la matière combustible est préparée, qui peut empêcher qu’une étincelle y mette le feu ? et qui peut dire d’où partira cette étincelle ?

Les princes sont assiégés de difficultés sans cesse renaissantes, et quelquefois insurmontables ; mais la plus grande de toutes, est dans leur propre caractère. Car le défaut le plus ordinaire des princes, comme l’observe Tacite (et Sal-