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Il est vrai qu’aujourd’hui toute l’habileté des ministres et des hommes d’état

    tivement les deux moyens contraires, une fermeté opiniâtre et une douceur continue ayant également des inconvéniens ; mais, pour ne point paroître incertain et irrésolu, il faut mettre un suffisant intervalle de temps entre l’emploi de l’un des moyens contraires et l’emploi de l’autre. Il faut de plus les combiner toujours un peu ensemble ; par exemple, mêler à plusieurs actes de fermeté quelques actes de douceur, afin que cette fermeté ne paroisse pas une tyrannie, et joindre à plusieurs actes de douceur quelques actes de fermeté, de peur que cette douceur ne passe pour foiblesse. On doit, par la même raison, observer la même méthode, en faisant prédominer alternativement deux factions opposées ; ne faire succéder la prédominance de l’une à celle de l’autre, qu’après un intervalle de temps un peu long ; et, en donnant l’avantage à l’une, faire toujours un peu pour l’autre, afin de ne pas trop aigrir celle-ci, et d’éviter le reproche de partialité ; par exemple, en choisissant douze sujets de la faction A, pour lui donner la supériorité, y joindre trois ou quatre sujets de la faction B : et réciproquement. Le lecteur verra dans l’histoire de Henri VII, que, pour s’être trop livré à un seul parti, il essuya une infinité de révoltes.