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les sages sont forcés de céder aux fous ; et en renversant l’ordre naturel, on ajuste tous les raisonnemens aux usages établis. On peut regarder comme une observation très judicieuse celle que firent à ce sujet certains prélats du concile de Trente, assemblée où la théologie scholastique joua le premier rôle. Les astronomes, disoient-ils, ont imaginé des excentriques, des épicycles, des orbites, et autres machines, pour

    car ce n’est pas à Dieu que court l’homme superstitieux, ni le prêtre qui le pousse, mais à la chimère qu’il prend pour son intérêt : et comme on se permet tout, quand on peut faire accroire aux autres qu’on agit au nom de Dieu, la religion est la père de tous les prétextes que l’hypocrisie puisse fournie aux passions humaines, sur-tout quand des fripons méthodiques savent combiner cet intérêt imaginaire avec des intérêts un peu plus réels. Ce qui ne doit s’entendre que des fausses religions, ou de la vraie, quand on l’a falsifiée, sous prétexte de l’expliquer ; car jamais on n’a vu la vraie religion soulever les peuples contre leur gouvernement, insulter à l’indigence publique par un faste scandaleux ; ou faire rotir des hommes à pro-