Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/169

Cette page n’a pas encore été corrigée

existence. Une philosophie superficielle fait incliner quelque peu vers l’athéisme, mais une philosophie plus profonde ramène à la connoissance d’un Dieu. Car, tant que l’homme, dans ses contemplations, n’envisage que les causes secondes qui lui semblent éparses et incohérentes, il peut s’y arrêter, et n’être pas tenté de s’élever plus haut : mais lorsqu’il considère la chaîne indissoluble qui lie ensemble toutes ces causes, leur mutuelle dépendance, et, s’il est permis de s’exprimer ainsi, leur étroite confédération, alors il s’élève à la connoissance du grand Être qui, étant lui-même le vrai lien de toutes les parties de l’univers, a formé ce vaste système et le maintient par sa providence. L’absurdité même des opinions de la secte la plus suspecte d’athéisme, est la meilleure démonstration de l’existence d’un Dieu ; je veux parler de l’école de Leucippe, de Démocrite et d’Épicure. Car il me paroît moins absurde de penser que quatre élémens variables, avec une cinquième essence, im-