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vers lequel par conséquent le peuple tourne naturellement les yeux. Lorsqu’un personnage si dangereux se trouve dans

    celle qui a le plus de force réelle et de véritable autorité, c’est le tribunat, parce que le tribun étant uni, par un lien indissoluble, avec le peuple, il réunit aussi dans sa main et le droit et la force. Le peuple ne regarde un roi, à plus forte raison un despote, que comme un maître, et le prince ne peut long-temps rester tel qu’à l’aide d’une armée sur pied : genre d’appui qui prouve assez la foiblesse naturelle de son autorité : au lieu que le peuple regarde un tribun comme son protecteur et son chef naturel, tiré de son ordre, et ce magistrat a pour armée perpétuelle le peuple tout entier. À Rome, un tribun, à l’aide d’un simple appariteur, arrêtoit et emprisonnoit un consul environné de tout le sénat, et général-né des armées de la république. Qui a jamais vu, dans un royaume et dans un même temps, quatorze armées sur pied et la famine ? C’est un miracle dans l’histoire du genre humain : eh bien ! ce miracle, c’est la puissance tribunitienne qui l’a fait. En tout pays où le peuple a des chefs, si ces chefs, au lieu de se laisser aveugler par leur jalousie contre les grands propriétaires et contre le pouvoir exécutif, comme ils le font toujours, se contentoient de défen-