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Voici une autre observation qu’on ne doit pas perdre de vue : une nation ne peut s’accroître, par rapport aux richesses, qu’aux dépens des autres, attendu que ce qu’elle gagne, il faut bien que quelqu’un le perde[1]. Or, il est trois sortes de choses qu’une nation peut vendre à une autre ; savoir : la matière première (ou le produit brut), le produit manufacturé, et la voiture (le fret ou le nolage). Ainsi, lorsque ces trois roues principales tournent avec aisance, les richesses affluent dans le pays. Quelquefois, suivant l’expression du poëte, la façon, et en général le travail a plus de prix que la matière, je veux dire que le prix de la main-d’æuvre ou de la voiture, excède souvent celui de la matière première, et enrichit plus prompte-

  1. Ce principe est faux à certains égards. Ce qu’une nation tire de ses propres terres et de sa propre industrie, elle ne l’ôte à aucune autre nation ; et ce qu’elle gagne de cette manière, elle ne le fait perdre à qui que ce soit.