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ture ; régler le pris des denrées et de toutes les choses commerçables[1] ; modérer les taxes et les impositions, etc. Généralement parlant, il faut prendre garde aussi que la population, sur-tout quand les guerres ne la diminuent point,

    loupe qu’on ne peut couper, sans occasionner une hémorragie. Le plus grand des abus, c’est de vouloir ôter, d’un seul coup, tous les abus, et même un seul abus invétéré ; vérité gravée en traits de sang dans une histoire excessivement moderne. Car, en levant sans précaution tel abus très nuisible en lui-même, vous renverserez, du même coup, et les fripons volontairement assis sur cet abus, et les hommes honnêtes que la nécessité a forcés de s’y asseoir à côté d’eux. Il est tel homme qui, pour nous aider à bien vivre, veut nous empêcher de vivre, et qui ne comprend pas que cette plume même avec laquelle il écrit ces spécieuses sottises, fait partie de ce luxe qu’il veut détruire. Marchons plus doucement et plus paisiblement, même en donnant des conseils que personne n’écoute ; tâchons, de rendre les hommes un peu meilleurs sans les affamer, et de les rendre libres sans les ruiner.

  1. Pour les rendre plus rares et plus chères.