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ge n’excite pas une tempête, cependant s’il en passe beaucoup, à la fin il en viendra un qui crèvera, et qui donnera du vent ; et si tous ces petits nuages, qu’on méprise, viennent à se réunir, la tempête, pour avoir été un peu retardée, n’en sera que plus affreuse : c’est ce que dit un proverbe espagnol : lorsqu’on est au bout de la corde, la plus petite force suffit pour la rompre[1].

Les motifs ou les causes les plus ordinaires des séditions, sont les grandes et soudaines innovations par rapport à la religion, aux loix, aux coutumes antiques, etc. les infractions de privilèges et d’immunités, l’oppression générale, l’avancement des hommes sans mérite,

  1. L’expression, dans l’original, est un peu équivoque : voici, je crois, l’idée des Espagnols et de notre auteur. Soit une corde de cent pieds attachés à un point fixe, et que je veuille rompre ; si je la prends à dix pieds de ce point fixe, j’aurai beaucoup plus de peine à la rompre, que si jo la prenois tout au bout. Je crois qu’il s’agit ici de la corde d’un cerf-volant.