lieu que l’ancienne semble être l’ouvrage du temps seul. Les premiers individus auxquels une famille doit sa noblesse et son illustration, ont ordinairement des qualités plus éclatantes, mais moins de droiture et de probité que leurs descendans ; car rarement on s’élève autrement que par un mélange de bons et de mauvais moyens. Mais il importe à l’état même que la mémoire de leurs vertus passe à leur postérité pour lui servir d’exemple, et que leurs vices soient, pour ainsi dire, ensevelis avec eux. Mais ces prérogatives mêmes que les nobles doivent à leur seule naissance, les rendent souvent moins industrieux et moins actifs que les roturiers. Or, tout homme qui manque de talens est naturellement porté à envier ceux des autres ; sans compter que les nobles étant déjà placés fort haut, ne peuvent plus s’élever beaucoup : et tout homme qui reste à la même hauteur, tandis que les autres montent, s’imaginant, par cela même, descendre, ne peut guère se défendre du
Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/131
Cette page n’a pas encore été corrigée