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tes et tyranniques. Ce qui le faisoit parler ainsi, c’est qu’en effet jamais religion, loi ou secte, n’a exalté la bonté ou la charité autant que l’a fait la religion chrétienne. Ainsi, pour éviter tout à la fois le scandale et le danger, il est bon de connoître les erreurs qu’un sentiment si louable en lui-même peut faire commettre. Ne négligez aucune occasion ni aucun moyen pour faire du bien aux hommes, mais sans être esclave de leurs fantaisies, ni la dupe de leur visage composé ; ce qui seroit pure facilité ou molesse de caractère, c’est-à-dire, une vraie foiblesse et une vraie servitude pour les âmes honnêtes. Ne donnez pas non plus une perle au coq d’Esope, qui préféreroit un grain d’orge. Le meilleur précepte en ce genre, c’est l’exemple de Dieu même qui fait luire son soleil et tomber sa pluie sur le juste et l’injuste indistinctement ; mais qui ne dispense pas à tous, en même mesure les richesses, les honneurs ou les talens. Les biens, qui sont naturellement